
Arrêter de fumer, ce n’est pas juste écraser une dernière cigarette. C’est un bouleversement physique, mental, social. C’est la reconstruction d’un mode de vie. Et dans mon cas, c’est littéralement devenu le plus grand combat de ma vie.
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai arrêté de fumer. Définitivement. Et j’ai même terminé un Half Ironman cette année. Rien que d’écrire ces mots, j’en ai des frissons. Mais le chemin pour en arriver là a été long, semé d’obstacles, de rechutes, de prises de conscience, et surtout, de transformation. Voici mon histoire.
Le commencement : une addiction précoce, banalisée
J’ai commencé à fumer très jeune. Vers 10 ans, je piquais des cigarettes dans le paquet de mes parents pour jouer à faire « comme les grands ». À 13 ans, je fumais déjà régulièrement. À l’époque, tout le monde fumait autour de moi : mes parents, mes copines, les adultes. C’était presque un rite de passage.

J’ai grandi dans un environnement où fumer était non seulement accepté, mais aussi valorisé. La clope faisait partie du style, du quotidien, des soirées. À Paris, c’était même carrément l’image de la Parisienne libre et rebelle. Alors moi aussi, j’ai fumé. Beaucoup. Tout le temps. Jusqu’à un paquet par jour. Parfois deux, en soirée.

La cigarette, un refuge… mais à quel prix
Fumer n’était pas qu’une dépendance physique à la nicotine. C’était un refuge mental et social. Rouler une clope, allumer un feu, faire le geste… ça me donnait de la contenance. Ça me permettait d’exister dans une conversation, de marquer une pause, de créer du lien. Fumer m’aidait à supporter le stress, à fuir les malaises sociaux, à remplir les silences.

Mais avec le recul, je me rends compte à quel point je me suis enfoncée dans une addiction identitaire. Je ne faisais pas que fumer : je me définissais par la cigarette. Elle faisait partie de mon style de vie, de mon personnage.
Le corps en souffrance, le mental à bout
Pendant mes années d’études, j’étais en colocation, en roue libre, je faisais la fête, je mangeais mal, je fumais plus que jamais. Pas de sport. Une peau terne. Une fatigue constante. Des rhumes à répétition. Mon corps envoyait des signaux d’alarme, mais je ne voulais pas les écouter.
Je suis de nature extrême. Quand je fais quelque chose, je vais au bout. Jusqu’à l’excès. Et pendant longtemps, j’ai fait du mal à mon corps sans m’en rendre compte. Ou plutôt, sans vouloir l’admettre.
La première prise de conscience
Vers 22-23 ans, j’ai commencé à envisager l’arrêt du tabac sérieusement. Ce n’était pas encore définitif, mais je testais des périodes d’abstinence. Un peu comme des challenges personnels.
Ma méthode ? Profiter des changements d’environnement. En stage à l’étranger, je profitais de l’occasion pour repartir de zéro. Nouvelle ville, nouvelles habitudes. En Allemagne, j’ai arrêté de fumer, j’ai commencé à courir, à mieux manger. Et ça fonctionnait… tant que je restais loin de mes repères habituels.
Mais à chaque retour en France, les vieilles habitudes reprenaient le dessus. Les soirées, les amis fumeurs, le stress des études… tout me ramenait à la cigarette. C’était un cycle sans fin.
La rechute professionnelle : une spirale descendante
Après mes études, j’ai déménagé en Suisse pour commencer à travailler. Le choc a été violent. Finie la flexibilité étudiante, place à la routine métro-boulot-dodo. Je n’étais pas prête.
Fatiguée, désorientée, je rechute de plein fouet : cigarettes, alcool quotidien, plats tout prêts, zéro activité physique. J’étais mal dans ma peau, mal dans ma tête, et surtout déconnectée de mon corps.
Le déclic de Noël (et le rôle du sport)
Noël 2020. Je me pèse chez ma grand-mère. Le chiffre sur la balance me frappe de plein fouet. Je ne me reconnais plus. Ce jour-là, j’ai pris une décision : ça suffit.
Mon père, qui avait commencé les triathlons, m’a embarquée avec lui pour une compétition. L’ambiance, la bienveillance des participants, l’énergie du sport… c’était un choc. Une révélation. Je voulais, moi aussi, ressentir cette fierté, ce dépassement, cette connexion au corps.

À partir de ce moment, j’ai tout changé progressivement. Pas du jour au lendemain. J’ai tâtonné. Trop de sport, pas assez, mauvaise alimentation, puis équilibre.
Mais la cigarette, elle, est restée sur le bord du chemin. Sans même que je m’en rende compte, je ne ressentais plus le besoin de fumer. Parce que j’étais occupée à construire quelque chose de plus fort, de plus sain.
Le vrai changement : reconstruire un mode de vie
Quand j’ai arrêté de fumer, j’ai cru que tout allait s’arranger tout seul. Mais ce que j’avais oublié, c’est à quel point mon corps avait été maltraité pendant des années. J’étais essoufflée après une volée d’escaliers, incapable de courir plus de 2 minutes, et chaque tentative de sport me ramenait brutalement à une réalité : je repartais de zéro. Le découragement a été total au début. Pourtant, j’ai persisté. J’ai commencé doucement, par de la marche rapide, puis du footing, puis un jour… je me suis lancée un défi fou : faire un triathlon.

Un an plus tôt, j’étais une fumeuse festive avec 20 kg en trop. Aujourd’hui, j’ai enchaîné un triathlon S, deux formats M, et même un half-ironman. Ce parcours n’a rien eu d’évident. J’ai douté, j’ai pleuré, j’ai eu mal. Mais j’ai aussi appris à écouter mon corps, à le reconstruire, à le respecter. Le sport est devenu bien plus qu’un outil de transformation : il est devenu mon ancrage, mon moteur, et ma revanche sur cette période où je croyais que la clope me définissait.
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai arrêté de fumer depuis plus de deux ans. Je n’en ai plus envie. Plus besoin. Et je sais que je ne recommencerai jamais.
Avant / Après : une transformation totale
Avant | Après |
---|---|
1 à 2 paquets de clopes par jour | 0 cigarette depuis plus de 2 ans |
Soirées, malbouffe, fatigue, anxiété | Alimentation équilibrée, sport régulier |
Poids en hausse, peau terne, perte d’énergie | -20 kg, teint lumineux, regain de vitalité |
Aucune activité physique | Participation à un Half Ironman |
Déconnexion de mon corps | Confiance, fierté, force intérieure |
Mes conseils pour arrêter de fumer durablement
- Change d’environnement : même temporairement. Le contexte joue un rôle énorme.
- Trouve une source d’inspiration : un proche, un modèle, un objectif.
- Bouge ton corps : pas pour « compenser », mais pour te reconnecter.
- Accepte les rechutes : elles font partie du processus. Ce n’est pas un échec.
- Redonne du sens à ta vie : fumer comble un vide. Trouve autre chose pour le remplir.
Conclusion : arrêter de fumer, c’est reprendre sa vie en main
Je ne regrette pas d’avoir fumé. Ça a fait partie de mon histoire. Mais je suis immensément fière d’avoir arrêté. Et surtout, d’avoir reconstruit une vie alignée avec qui je suis vraiment.
Arrêter de fumer n’est pas facile. Mais c’est possible. Et ça vaut le coup. Vraiment.